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Texte de la Déclaration finale du Congrès International sur “ l’Humain, le Travail et la Concurrence Mondiale” , Istanbul, 4 – 5 Mai, 2018
14.05.18, Lundi
Le Congrès International intitulé “L'Humain, le Travail et la Concurrence Mondiale”, organisé conjointement par la Confédération des syndicats des Agents Titulaires de la Fonction Publique (MEMUR-SEN) et l'Institut d'Administration Publique pour la Turquie et le Moyen-Orient (TODAIE), s’est tenu du 4 au 5 mai 2018 à Istanbul.
Le Congrès International intitulé “l'Humain, le Travail et la Concurrence Mondiale” a réuni 286 représentants syndicaux issus de 154 confédérations provenant de 105 pays répartis à travers 5 continents.
Les travaux du Congrès portaient sur les thématiques du dialogue social, le développement durable, les flux de migration, le travail et la concurrence mondiale, le travail décent, la violence et le harcèlement au travail.
Le Congrès international sur “L'Humain, le Travail et la Concurrence Mondiale” s’est conclu par la lecture et l'adoption de la “Déclaration Finale”. La Déclaration engage les congressistes à agir responsablement en faveur de la lutte ouvrière, à renforcer les capacités de leurs membres et dirigeants et à défendre les droits des travailleurs migrants dans le cadre de l'Agenda pour la migration équitable de l'OIT.
Dans sa conclusion, la déclaration appelle les mouvements ouvriers à soutenir la Palestine dans sa lutte pour la liberté et exige la libération immédiate de l'ex-président brésilien ainsi que le rétablissement de la démocratie pour le peuple brésilien.
Ci-dessous, le texte intégral de la Déclaration.
DÉCLARATION FINALE DU CONGRÈS SUR L’HUMAIN, LE TRAVAIL ET LA CONCURRENCE MONDIALE
Le Congrès a résolu ce qui suit:
Le dialogue social est un outil essentiel pour le développement durable afin de matérialiser et de représenter les intérêts de la société. Il est fondamental que de véritables espaces de dialogue social soient non seulement créés mais aussi renforcés aux niveaux local, national, régional et mondial, et il est également fondamental que les syndicats reconnaissent leur rôle de faire entendre les besoins et les aspirations des travailleurs et défendent ces intérêts dans tous les sens et partout.
Il est donc nécessaire d'engager les États dans la création et la promotion de structures visant à renforcer le dialogue social, en incluant les syndicats dans les processus de débat sur les politiques publiques d'une manière réelle et non seulement formelle. Outre l'existence de ces structures, il est nécessaire de veiller à ce que la participation sociale soit aussi large que possible, en respectant les principes fondamentaux du dialogue social tels qu'ils sont consacrés dans les conventions et documents de l'OIT.
Il est du devoir des États d'arbitrer les conflits réels dans la relation travail-capital et de fournir des mécanismes de résolution des conflits qui soient équitables pour tous les secteurs, en reconnaissant les différences et les inégalités entre chaque acteur, dans la recherche de la justice sociale.
Dans un système où les rapports entre le capital et le travail sont parfois contradictoires et dynamiques, le dialogue social doit être uniforme, non seulement en termes numériques, mais aussi en termes de capacités institutionnelles, nous pensons que le mouvement syndical doit prêter attention à certains éléments, afin d'être effectivement inséré dans ce processus. Le premier d'entre eux est l'extension de leur pouvoir politique, ce qui n'est possible que grâce à l'augmentation du nombre d'affiliés et au renforcement de la relation entre les travailleurs et leurs syndicats. En ce sens, l'organisation des femmes, des jeunes et des travailleurs dans l'économie informelle est le moyen le plus durable non seulement pour renforcer les structures syndicales mais aussi pour garantir leur efficacité.
Le deuxième élément est le développement continu de leurs dirigeants, afin qu'ils soient correctement préparés et capables de relever non seulement les défis mais aussi les aspirations des travailleurs et surtout les opportunités offertes par un véritable dialogue social, capable de faire avancer la construction d'une société dans laquelle les hommes et les femmes peuvent vivre dans la dignité.
Nous ne pouvons pas ne pas reconnaître que la mondialisation n'a pas été en mesure d'universaliser la capacité des États à promouvoir le développement et la dignité de leur ressortissants. Malgré le fait que l'argent circule globalement, il est important de reconnaître qu'un grand nombre d'aspects liés au développement ne sont pas accessibles par tous: l'accès aux ressources économiques et même naturelles ne sont pas égal pour tous. Les conditions de travail pour les hommes et les femmes ne sont pas égales dans toutes les pays, les efforts déployés par les gouvernements et leur capacité de mettre en œuvre des politiques publiques pour surmonter les inégalités et la recherche de justice sociale n'est pas la même pour toutes les nations.
Il n'est pas possible de parler de justice sociale si ces inégalités ne sont pas au centre des débats sur la mondialisation et le développement.
Dans ce contexte, où les inégalités deviennent toujours plus grandes et où le système capitaliste exploite les êtres humains, sans prendre en compte leurs besoins réels, où les besoins de consommation sont suscités, de manière hostile, à l’aide du matraquage de strategies marketing et où les gens travaillent pour accumuler de plus en plus de ressources et de produits pour satisfaire des besoins non essentiels, le rôle du mouvement syndical devient chaque jour encore plus pertinent.
L'unité du mouvement syndical et la nécessité de s’organiser à l'échelle mondiale afin de réduire les inégalités locales peut apporter des solutions efficaces sur le plan de l’ équité, assurer un développement plus juste et plus équitable des Etats, procurant ainsi des avantages tangibles à la société.
La domination du capital financier, qui s'est intensifiée sur tous les continents du monde, doit également être au centre des préoccupations du mouvement syndical. Si les stratégies d'entreprise sont globales, la réponse des travailleurs doit aussi être globale!
Le travail ne devrait pas être considéré comme un simple coût de production et les travailleurs ne devraient pas être traités comme de simples produits, dont la valeur serait définie par la cupidité entrepreneuriale. Les États ne peuvent plus être guidés par les seuls intérêts des entreprises, ils doivent remplir leur mission de développement, de justice économique, sociale et environnementale, en mettant en avant un programme de développement durable qui non seulement garantit le présent mais aussi l'avenir de notre monde.
Un changement de paradigmes est nécessaire et urgent. Ce changement de paradigme doit être conduit par des organisations de travailleurs, à l’échelle internationale, capables de créer des outils de contre pouvoir face au capital.
Le travail décent est un outil primordial pour la recherche de la justice sociale et tous ses aspects doivent être respectés par les gouvernements, les employeurs et les représentants des travailleurs.
En ce sens, les organisations de travailleurs doivent agir pour renforcer le dialogue social afin de créer, des emplois plus nombreux et de meilleure qualité et des socles de protection sociale solides et durables dans le respect des principes et droits fondamentaux.
Le Congrès a noté que la violence et le harcèlement au travail sont un aspect essentiel de l'Agenda du travail décent et de l'Agenda 2030 de l'ODD. En ce qui concerne l'Agenda du travail décent de l'OIT, la lutte contre toutes les formes de violence à l'égard des femmes et des hommes, et en particulier sur le lieu de travail, est fortement encouragée par l'OIT et ses mandants.
Cependant, les femmes sont plus exposées aux inégalités, sont moins bien rémunérées, généralement sous-employées dans l'économie informelle comme le travail domestique informel, et sont exposées quotidiennement à toutes sortes d'abus physiques, émotionnels et psychologiques.
Par conséquent, le mandat des syndicats est d'être les premiers à lutter contre la violence et le harcèlement à tous les niveaux.
Les syndicats devraient prendre la tête de la dénonciation de ces actes injustifiés et punir efficacement ceux qui harcèlent violemment les femmes ou les hommes, malgré leurs positions ou leur niveau d'influence.
Les syndicats doivent promouvoir la lutte contre la violence et le harcèlement à l'égard des femmes en élaborant des politiques pertinentes et durables. La mesure la plus importante qui puisse être prise est de garantir que dans chaque pays, sur chaque lieu de travail et à tous les niveaux, les femmes reçoivent le même salaire que les hommes pour le même travail.
Les syndicats devraient veiller à ce que les questions de violence et de harcèlement soient incluses dans les conventions collectives.
Pour mettre fin efficacement à la violence et au harcèlement sur les lieux de travail, les femmes devraient être impliquées dans tous les processus de prise de décision.
Des acquis juridiques solides, une éducation permanente, des initiatives publiques et des partenariats sociaux sont autant de mesures importantes qui contribuent à garantir un lieu de travail sûr pour tous, partout.
Résultante de la cupidité du système capitaliste, le travail des enfants est une aberration et doit être éradiqué à tout prix.
Le Congrès a observé que le modèle néolibéral économique encourage de manière irresponsable la précarisation du travail et de l’emploi à travers le monde et constitue l'une des causes principales de l'augmentation des flux migratoires. Dans de très nombreux pays en développement, le manque de travail décent force les gens à migrer dans l’espoir d’un avenir meilleur.
Généralement, la migration de main-d'œuvre peut être un catalyseur de l'intégration régionale et de la coopération économique à l'échelle mondiale. Cependant, des lacunes graves et répandues dans le travail décent et dans les normes informelles, les sous-normes, et trop souvent les relations d'emploi et de travail abusives. L'absence généralisée ou la non-application des normes et mesures réglementaires entraîne des risques importants pour les travailleurs migrants, souvent soumis à des relations de travail informelles et abusives et à des conditions de travail non protégées.
Alors que pour certaines migrations, il s'agit d'une expérience positive et stimulante, malheureusement, beaucoup de travailleurs migrants exercent des emplois malsains, dangereux et dégradants; ces migrants doivent endurer des violations des droits de l'homme, la discrimination, la xénophobie et l'exploitation.
Nous devrions promouvoir une approche des migrations fondée sur les droits conformément aux conventions de l'OIT, renforcer la protection des migrants et combattre les menaces telles que les attaques xénophobes ou racistes dans les pays de destination, lutter contre les systèmes économiques et commerciaux mondiaux injustes pour promouvoir le développement durable des migrants et faire campagne pour un engagement et une participation efficaces des gouvernements, des milieux d'affaires, des employeurs, des syndicats et d'autres parties prenantes dans la conception de réponses qui stimulent la croissance et créent des emplois décents dans les pays respectifs.
Le dialogue social doit être au cœur de la politique de migration de main-d'œuvre.
Renforcer les capacités des syndicats à défendre et à promouvoir les droits des travailleurs migrants dans le cadre du Programme de l'OIT pour une juste migration
Nous étendons notre solidarité au fort peuple de Palestine dans sa lutte pour la liberté. Personne ne devrait avoir sa liberté refusée. Nous nous opposons à la décision de l'administration américaine de transférer son ambassade à Jérusalem.
Lula est un prisioner politique et nous exigeons sa libération immédiate et la restauration de la démocratie pour le peuple brésilien.
#FreePalestine
#FreeLula